Louis ALDEBERT
Louis Aldebert est né en 1934, à La Malène (Lozère), petit village situé en plein cœur des Gorges du Tarn, enchâssé entre le Causse de Sauveterre et le Causse Méjean. Il a vécu soixante ans à Paris, en gardant de solides attaches en Languedoc où il est revenu à la fin du siècle, pour vivre près de Sète.
Après une vie professionnelle intense et variée, il aspire à se consacrer uniquement à sa vocation contrariée de l’écriture. Cette exclusivité se concentre sur la création poétique dont la pression n’a jamais cessé de croître depuis que la lecture de Pierre Reverdy et l’écoute de Gaston Bachelard ont éveillé chez lui cette irrépressible envie. Ajoutons sa proximité avec la Poésie pour vivre de Jean Breton, dont il fut l’ami, et la revue Les Hommes sans Épaules.
Quatre minces recueils en cinquante ans témoignent d’urgences périodiquement impérieuses. Traqueur d’émotions et d’images, il continue de libérer des réserves engrangées dans un vécu secret. Traqueur d’émotions et d’images, il libère dans ses poèmes des réserves engrangées dans un vécu secret. Louis Aldebert est décédé le 27 janvier 2020, à l’âge de 85 ans.
Sa fille Delphine évoque ainsi son parcours (in montbazin-autrement.com) : « Mon père Louis Aldebert a poursuivi toute sa vie un seul but : lui donner un sens. Et son parcours professionnel autant que personnel illustrent ce désir puissant. C’était avant tout un amoureux des lettres et particulièrement de la poésie. Il nourrissait une passion pour les livres. Comme lecteur, comme auteur mais aussi comme éditeur. En 1978, il fonde le cherche midi éditeur avec ses amis Jean et Michel Breton et Jean Orizet avec la volonté de ne pas publier que de la poésie et d’ouvrir le catalogue à l’humour mais aussi à de nouvelles collections comme « Pensées ». Il y publiera ses poèmes « Sommes de toutes parts » ou encore « Double fonds » qui rassemblent ses aventures intérieures vécues. Il livre à ses lecteurs des images qui passent tantôt par le tamis familier de la vie et des paysages arides des Causses lozériens, tantôt par l’écoute des murmures du corps toujours désirant.
Au-delà de la poésie, il est aussi l’auteur de « Philippine, l’archipel du sourire », « Le point à la ligne » ou encore « Métiers-passions » pour l’orientation des jeunes vers l’artisanat. Des livres qui résument à eux seuls son parcours professionnel intense. Cette vie professionnelle riche et intense l’amène à choisir le Sud de la France, Montpellier, puis Montbazin, pour se consacrer de nouveau à l’écriture. Il voulait aussi se rapprocher de sa Lozère et de La Malène où sont ses racines familiales. Un territoire qui l’a toujours inspiré et sur lequel où il avait trouvé refuge, enfant, après les bombardements alliés de Sartrouville dans les Yvelines pendant la seconde guerre mondiale. Il avait un attachement profond à cette terre où il pouvait parler occitan avec ses habitants. Il naviguait à la fin de sa vie entre Montbazin où il a passé ses 15 dernières années avec ma mère et la Lozère. Il aimait Montbazin qui lui offrait le calme, des promenades dans les vignes et une maison vigneronne dans laquelle il s’était fait une grande bibliothèque pour se consacrer à sa vocation contrariée de l’écriture et pour que les livres ne le quittent jamais.
Car mon père quitte le cherche midi éditeur en 1981 et se laisse tenter par le journalisme. Rédacteur en chef de La Vie des Métiers, il devient le spécialiste socio-économique de la MAAF, mutuelle d’assurance des artisans, en 1984, pour prendre à Niort la responsabilité de l’ensemble de ses services de Communication. Revenu à Paris comme Délégué Général à l’Artisanat de la Mutuelle, il est attaché en 1989 au Directeur Général et devient le premier collaborateur de son successeur, Jean-Claude Seys qui le nomme Directeur de son cabinet après avoir été Directeur de la Communication. Il part en préretraite fin 1991. Et c’est l’année suivante qu’il est chargé de mission pour l’Artisanat au cabinet du Ministre du Commerce et de l’Artisanat. Il a toujours défendu l’idée que l’apprentissage et l’artisanat étaient des voies solides d’insertion professionnelle et que ces métiers subissaient encore une image trop négative et avaient besoin d’être valorisés. Pour son travail, il est honoré Chevalier de l’Ordre National du Mérite au titre de l’artisanat et reçoit la médaille d’Or de la Reconnaissance Artisanale de l’Assemblée Permanente des Chambres de Métiers. »
Karel HADEK
(Revue Les Hommes sans Epaules).
À lire : L’Envers élucidé (éd. Saint-Germain-des-Prés, 1970), Génitifs d’elles (éd. Saint-Germain-des-Prés, 1978), Double Fonds (le cherche midi, 2000), MAAF : Le Point et la Ligne, essai (le cherche midi éditeur, 2001), Métiers passions : Pour l'orientation des jeunes vers l’artisanat, essai, avec Philippe Mascaro (le cherche midi, 2003), Sommes de toutes parts (le cherche midi, 2009).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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Claude de BURINE, Gérard MURAIL, Jean SENAC n° 5 |